Journée du Bien Commun : dialogue social et intelligence artificielle

Publié le 24/01/2025

Mardi 21 s'est tenue à Paris la 3ème journée CFTC du bien commun sur le Dialogue social et l' Intelligence artificielle : Défis et opportunités.
Au programme de cette journée studieuse : 
Table ronde 1 : l’IA, ce qu’elle est, ce qu’elle n’est pas. Questions éthiques
Table ronde 2 : Espoirs et craintes : les usages de l’IA dans l’entreprise
Table ronde 3 : les champs d’application de l’IA dans le dialogue social

 

Les 3 tables rondes ont réuni des entrepreneurs, des partenaires sociaux (UIMM, CFTC), un anthropologue, un professeur de philosophie, une économiste, un professeur d’automatique et d’éthique du numérique. Chacun, selon son champ de compétences, a pu donner un éclairage sur les impacts de l’IA sur le monde du travail humain et des organisations humaines. Le public a pu également apporter ses éclairages et poser des questions aux intervenants.

L’IA a des potentialités énormes et fascinantes. Mais elle n’est qu’un outil et le terme d’ « intelligence » est discutable. En tous cas, il faut se méfier de l’anthropomorphisme vendeur mais trompeur. Elle n’est qu’un outil, même si l’usage de formules de politesse dans nos interactions avec elle aboutit à des résultats plus pertinents.

Elle a des répercutions notables sur nos vies personnelles et nos vies professionnelles, tant au niveau de la sécurité que des organisations et des jeux d’acteurs et de pouvoirs : elle n’est pas sans risques ; son usage aussi peut être vertueux ou pervers, lorsque l’on met en place des systèmes de surveillance : il n’y a pas loin de la prévention du risque au flicage des comportements !

C’est pour cela que l’IA a fait l’objet de nombreux textes de régulations au niveau européen (émanant de la Commission sous forme de directives ou émanant de partenaires sociaux, comme le texte paritaire CEEMET et IndustriAll) et au niveau national. L’IRES a coordonné, en réponse à un appel à projet de l’ANACT, un groupe de travail qui a produit une boite à outil à destination des partenaires sociaux pour évaluer les risques et les méthodes de déploiement de projets à base d’IA dans les entreprises. Ce projet s’appelle DIALIA, disponible sur internet, ainsi que les textes réglementaires et normatifs.

Cyril Chabanier a rappelé que l’IA est un fait et qu’il ne s’agit pas d’être pour ou contre, mais d’en faire un usage juste et de la mettre au service des travailleurs.

Ainsi, l’IA est la cause du dialogue social du fait de nouveaux risques physiques générés par l’automatisation de fonctions de sécurité fondées sur des algorithmes probabilistes non déterministes), des risques et psychosociaux du fait de l’accroissement de charge mentale de vérification systématique et d’acquisition de compétences accrues pour garder la main. Elle est l’objet du dialogue social lorsqu’elle est utilisée dans des applications industrielles ou RH, lorsqu’elle modifie des organisations et fait évoluer les métiers. Elle est le champ du dialogue social lorsqu’il s’agit de la paramétrer, d’en caractériser les biais, de protéger les données confidentielles qu’on lui soumet pour analyse profonde. Elle est l’outil du dialogue social pour comparer des accords, en simuler les effets, répondre aux exigences légales CSRD et devoir de vigilance, etc. Un buffet a permis à nombre de participants de continuer les échanges et de prendre des contacts.

La CFTC encourage ses Délégués Syndicaux et élus aux CSE de se saisir de ces outils ainsi que des réglementations nationales et européennes qui permettent d’entrer dans un dialogue social fructueux et cadré à son sujet. Nous ne sommes qu’au début du « tsunami » que représentent les possibilités ouvertes par des IA toujours plus performantes.