La société BeLink Solutions, fabricant de cartes électroniques et de machines spéciales, située à la Ferté-Bernard, dans la Sarthe, a été placée en redressement judiciaire le 25 mars dernier.
Travaillant dans les produits de haute technologie, elle est détenue par un fonds américain (AIAC), qui, selon ses salariés, « n’a pas mis un seul euro en investissement dans l’entreprise depuis son rachat à Visteon en 2017. Dans l’industrie, quand l’actionnaire ne met pas d’argent, ce n’est jamais bon signe… »*
L’entreprise a en effet été achetée pour un euro symbolique, mais selon eux le fonds américain a surtout profité des aides de l’Etat. Ce dernier a de fait financé beaucoup plus (prêt garanti par l’Etat, financement de la BPI, chômage partiel longue durée etc.).
Les 141 salariés, dont leurs représentants CFTC, veulent tourner la page AIAC et placent tous leurs espoirs dans l’appel d’offres lancé fin avril portant sur la « recherche d’un repreneur ou d’un investisseur ».
Produisant depuis longtemps des cartes électroniques pour le marché automobile, BeLink Solutions est très dépendante de ce marché, alors que celui-ci est confronté depuis des mois à des difficultés importantes. Le chiffre d’affaires de la société a baissé fortement. Comme l’indiquait le ministre de l’industrie - interrogé récemment à l’Assemblée nationale par un député de la Sarthe - il est passé de 24 millions d’euros en 2022 à 14 millions d’euros en 2024.
Une diversification en cours
Pour sortir de cette impasse, l’entreprise a choisi de se diversifier, en se développant par exemple dans l’aéronautique, la défense, le ferroviaire et le nucléaire. Mais pour le moment ces nouvelles productions n’ont pas pu compenser les pertes subies dans le marché automobile. Le directeur nommé en 2022 était très actif dans le développement de cette diversification ; or il est sorti récemment des effectifs.
Le 15 mars dernier, Belink Solutions a dû se déclarer en cessation de paiements. Une période d’observation de 6 mois a démarré dans le cadre de la procédure de redressement judiciaire. Il a même été question d’un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) pour lequel des premières discussions ont eu lieu. Finalement celui-ci a été suspendu au profit de la recherche de solutions à travers cet appel d’offres : tous espèrent maintenant des candidatures de repreneurs ou investisseurs potentiels, qui peuvent être déposées jusqu’au 23 juin prochain.
Face à ces incertitudes, les salariés sont inquiets pour l’avenir mais gardent malgré tout espoir, car ils sont conscients que l’usine possède de nombreux atouts : des salariés très compétents, un savoir-faire ancien et reconnu - notamment dans l’électronique imprimée - une usine performante, des machines et des équipements plutôt récents, un atelier de sérigraphie, un autre de création de machines spéciales etc.
En parallèle, leur compétence dans l’électronique imprimée, qui est une nouvelle technologie, est une piste de développement intéressante dans tous les secteurs d’activités.
Christophe Adeline, délégué syndical CFTC et les membres du CSE, louent le pragmatisme de l’administrateur qui a « entendu nos arguments » et décidé d’ouvrir rapidement cet appel d’offres. Pour eux, le candidat idéal pour cette reprise, serait un véritable industriel prêt à investir en poursuivant cet effort de diversification vers de nouveaux marchés, « car cela fonctionne plutôt bien ». « A l’inverse, sans investissement, la diversification ne pourrait pas porter ses fruits ».
Pour l’heure, l’appui des pouvoirs publics et des administrations sera déterminant pour rechercher un investisseur sérieux, et cela passe aussi par la diffusion de l’information dans les média.
*Le Maine Libre, 25 avril 2025
Voir l’appel d’offres ci-dessous