Plus de 10 jours de grève chez Safran à Commercy : le dialogue social au point mort

Publié le 19/03/2025


A Commercy dans la Meuse, les salariés de Safran Aero Composite sont en grève depuis le 7 mars pour réclamer de meilleures conditions salariales et également s’opposer à un projet d’accord de compétitivité qui leur est très défavorable.

Le vendredi 14 mars, une centaine de salariés sur les 233 employés par l’usine, occupaient l’entrée, bloquant les livraisons. C’est du jamais vu dans cette usine inaugurée il y a 10 ans, spécialisée dans la production de pièces en composites tissés 3D (aubes et carters) pour le moteur Leap, destinées essentiellement au groupe Airbus.  

Pour Eren Yildiz, délégué syndical CFTC, « ce mouvement social sur notre site est multifactoriel ». Il y a d’abord les Négociations annuelles obligatoires qui ne sont pas du tout à la hauteur des attentes : « une enveloppe de 2,5% englobant augmentations générales, individuelles, spécifiques, égalité professionnelle et glissement de la prime d’ancienneté, équivalant au pic d’inflation de 2024 ! ».

« On peut comprendre le souhait de la direction d’un retour sur investissement mais il faut aussi récompenser les personnes qui génèrent de la richesse, c’est un minimum ! »

« Alors que les NAO avaient à peine débuté, la direction a essayé de nous vendre en même temps un accord de principe sur un accord de compétitivité en vue de la transformation de l’usine, comprenant notamment des changements d’horaires importants, avec des prises de service à 4h du matin et des journées de 10h en horaires alternés (matin/après-midi). »  Pour ces contraintes qui pèseront sur les vies des salariés (garde d’enfants, équilibre familial etc.), aucune compensation n’est accordée.

Les représentants syndicaux ont eu beau dire que ce n’était pas une bonne idée de procéder ainsi, la direction est restée sourde. Ce qui a entraîné 5 débrayages en une semaine, qui se sont transformés en jours de grève en continu, de jour comme de nuit.

Manque de reconnaissance

Le mouvement de protestation se développe alors qu’au même moment le groupe Safran a publié ses comptes de 2024, en se félicitant d’avoir « réalisé à nouveau une année remarquable, atteignant des niveaux records en termes de chiffre d’affaires, de résultat opérationnel et de cash-flow ».

Et au regard de ces profits « pharamineux », « Rien » pour les salariés !

Ces derniers estiment qu’ils sont moins considérés et respectés que ceux des autres sites Safran. En effet leur société est une filiale qui ne permet pas de bénéficier du socle social au niveau du groupe, notamment sur le plan salarial. « Nous sommes une filiale à 100% de Safran Aircraft Engines (SAE), autrement dit une filiale de filiale, alors que nous devrions faire partie de SAE. »

Pour remédier à cette inégalité de traitement depuis 10 ans, l’intersyndicale dont fait partie la CFTC a demandé « 400 euros d’augmentation générale mensuel net en 2025. »

La situation paraît actuellement bloquée, la direction réclamant avant tout la reprise de l’activité, et les salariés restant déterminés à obtenir gain de cause.  

A noter : Une cagnotte a été créée par la coordination Safran pour soutenir les salariés de Safran Commercy.